Nous sommes sur une piste arrivant à San Pedro de Atacama par le sud. Nous traversons le Salar de Atacama. La couche de sel superficielle n'est pas du tout plane. Elle est constituée d'innombrables aspérités très dures. On goutte et c'est effectivement très salé! Tout autour: les montagnes déversant leurs pluies pour former ce salar.
Les villages alentours: Peine, Toconao sont totalement différents de ce que nous avions vu jusqu'à présent. Les maisons sont faites en pierres anciennes et les églises sont caractéristiques de l'altiplano: petites; les toits construits avec des troncs de cactus; des peintures anciennes à même les murs et blanchis à la chaux; des cimetières colorés et fleuris. Pour la première fois, nous avons le sentiment de palper un lieu chargé d'Histoire. Cette région est occupée depuis la préhistoire et a subi l'influence de grandes civilisations de l'altiplano: celle des premiers chasseurs nomadisant entre la puna (haute montagne) et la plaine d'Atacama; celle des premiers pasteurs sédentaires dans les oasis puis les célèbres civilisations Tihuanaco et Incas avant l'arrivée des Espagnols. Du néolithique aux espagnols, il est donc possible d'observer des vestiges de ces différentes influences: gravures rupestres; tissus; poteries; bijoux; momies et même un cratère de météorite! L'excellent musée archéologique R. P. Gustavo Le Paige est déjà une première occasion de les découvrir.
Cette ville a bien su développer son potentiel touristique et nous ne sommes vraiment pas les seuls à l'apprécier. Aujourd'hui, San Pedro de Atacama est un lieu touristique à la mode. Le village est agréable et propre avec ses petites ruelles pavées, ses vieilles maisons en pierre. Sa place centrale avec ses arbres séculaires est reposante et rafraichissante et son église « bucolique ». Cependant, San Pedro est bouffé par les opérateurs touristiques vendant les tours à gogo. Les gens que l'on rencontre à premier abord ne sont pas des gens du cru mais se sont installés ici ces dernières années pour profiter du tourisme. C'est légitime et cela permet à cette petite ville de campagne sans réelle importance il y a 15 ans, de trouver un nouveau souffle et de permettre à ses habitants de travailler au lieu de migrer vers les grandes villes. Pourtant, les commerçants ne sont pas particulièrement affables et on a parfois l'impression de les emmerder en achetant une bouteille d'eau. Nous ne nous sentons pas franchement à l'aise. La ville de dégage pas de chaleur et nous n'y restons pas longtemps. Nous avons le sentiment qu'il n'y a pas d'âme.
Néanmoins, nous nous trouvons un petit coin de paradis près du « Pucara de Quitor », ou forteresse incas, à l'orée de la Garganta del diablo, au bord d'une rivière, au milieu des roseaux. L'endroit nous avait été indiqué par la famille Lebris et nous en profitons pendant deux nuits. Les filles se baignent dans la rivière et construisent une cabane dans laquelle elles passent beaucoup de temps; nous lavons notre linge et il fait chaud. L'idéal! Nous sommes entourés par les rochers qui, sous la lumière changeante du soleil, nous offrent des spectacles très différents au cours de la journée.
Nous ne visitons pas la « Valle de la luna » et filons aux geysers del Tatio avec gourmandise car nous n'en avons jamais vus! Pour cela, il faut passer de 2500 à 4500 mètres d'altitude! La montée est époustouflante. L'altiplano est vraiment un endroit de toute beauté surtout en fin d'après midi au coucher du soleil. Néanmoins, la piste est mauvaise, nous n'y voyons bientôt presque rien et pour une première ascension nous avons été un peu vite. A l'arrivée, il fait nuit et un froid de canard! Nous avons la tête comme une citrouille même si nous ne sommes pas franchement malades. Nous sommes accueillis par des indiens nous apprenant que le site est payant! Nous avions imaginé un endroit sauvage et un bivouac au milieu des geysers dans la montagne mais ce ne fut pas exactement cela... L'endroit est très touristique et le soir en nous couchant nous ne sommes plus bien certains de vouloir y aller le lendemain matin... Mais, les filles, à 6 heures du matin, passent leurs petites têtes par la porte de la tente pour nous dire: « on y va? ». Nous n'avons pas le coeur de refuser. Nous avons un mal de crâne persistant mais nous sortons quand même de la voiture pour voir le spectacle des geyser en ébullition par moins 5 degrés! Aucun de nous n'a bien dormi: nous encaissons l'altitude. Il y a une foule de 4x4 avec des touristes. Néanmoins, le spectacle est intéressant. Nous sommes en pleine montagne, le soleil se lève et l'eau bouillante des geysers forme de la vapeur d'eau. Cette fumée donne un aspect lunaire au site et nous évoluons au milieu comme des cosmonautes avec nos 10 000 couches de vêtements pour nous réchauffer! Le spectacle est plus impressionnant le matin de bonne heure quand la différence de température entre l'eau des geyser et l'air est importante. Néanmoins, quand le soleil commence à chauffer la couenne, que l'on peut se dévêtir et se plonger dans les thermes avec les touristes repartis pour une autre balade, c'est franchement pas mal non plus!
Nous discutons avec les indiens : le site est exploité par les communautés environnantes et les bénéfices leur sont reversés. Dans ces conditions, cela me gêne déjà moins de payer l'entrée!
Le mal de tête persiste et nous décidons de redescendre. Les paysages sont toujours aussi beaux: nous profitons de différents villages: Calama, Chiu Chiu. Il y a toujours une église typique nous ne nous lassons pas d'entrer et d'admirer. Il y a également des systèmes d'irrigation ingénieux ce qui permet à ces villages de zones désertiques et arides de cultiver malgré tout quelques fruits et légumes. Comme au Maroc, nous traversons des oasis mais les odeurs ne sont pas les mêmes... Nous découvrons l'artisanat local: vêtements chauds en laine d'alpaga; sacs tissés colorés. Nous voyons les mêmes choses dans les différents magasins... Et beaucoup de produits ne sont pas fabriqués au Chili mais en Bolivie.
Nous passons une dernière nuit dans la lagune « Inca Coya » site vénéré par les anciens Incas et placé sur une route de l'ancien empire. Peut-être est-ce pour cela que nous y avons dormi comme des bébés après de fabuleuses pâtes aux épinards frais...
Mars 2010 : San Pedro de Atacama |
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